dimanche 19 février 2017

Le Nombril de Ganesh par Thierry RAINOT - Chapitre 2 (seconde partie)


Chacun s'était tu et regardait, tout en avançant, la maison inquiétante avec sa façade en bois grisâtre à moitié mangée par le lierre sur son pan gauche et ses tourelles.
Mirliton, qui voyait la masure pour la première fois, voulut s'arrêter pour la contempler tout à loisir, mais ses amis ne lui en laissèrent pas le temps et l'invitèrent à hâter le pas.
- Hè, pas si vite ! Attendez-moi ! leur cria-t-elle en sautillant après eux dans les grandes herbes séchées, car, dans cette partie, le sentier tendait à disparaître.
Quand elle revint à leur hauteur, elle les interrogea :
- Elle est abandonnée, cette maison, aujourd'hui ?
- Oui, répondit brièvement Martinou.
La jeune fille n'arrivait pas à croire que leur chef passe si vite à côté d'une exploration si excitante.
Le ciel s'assombrit, comme si la grande maison aux planches délavées et aux tourelles octogonales s'était soudain dressée sur ses fondations pour se pencher sur eux et les engloutir de son ombre oppressante.
Mirliton s'assura qu'elle n'avait pas bougé avant de se jeter dans le prochain sous-bois qui lui sembla plus rassurant que cette prairie morose. Bien sûr, la bâtisse n'avait pas bougé d'un pouce, mais il lui sembla que les larges fenêtres du premier étage, avec leur reflet blanc, figuraient deux immenses yeux révulsés.
- Je rêve ! Les M and P's qui ignorent une maison abandonnée et peut-être hantée ! Ça c'est trop fort ! Et en plus un mystère à la clé avec cette disparition du Colonel.
Ses trois amis, le manoir hors de vue, consentirent enfin à s'arrêter.
- T'as entendu ce qu'on t'a raconté ou pas ? s'assura Martinou, agacée par la remarque un peu moqueuse de Mirliton.
- Ben oui. Mais j'sais pas, d'habitude vous êtes emballés par le mystère et l'étrange... Et là : pfiout !
- Oui. Et toi, je te rappelle que tu es la première à te plaindre qu'on passe pas des vacances tranquilles et qu'on fourre notre nez là où il faudrait pas ! rappela Poucy, mi-amusée, mi-étonnée par cette inversion des rôles.
Mirliton fit une grimace de désolation.
- Je dois m'ennuyer...
- Il me semble qu'on est venus par ici pour les noix et les noisettes de toute façon, recadra Pirouly.
- Bon, ok. Mais cette maison m'intrigue. Dites m'en plus. Elle n'est quand même pas inhabitée depuis un siècle ?
Ils reprirent leur marche et Martinou se chargea de répondre :
- Cette maison semble porter malheur à ceux qui l'habitent. Elle est passée entre les mains de nombreux héritiers du Colonel, des héritiers plus ou moins éloignés qui ont tous connu une fin tragique. Le dernier couple à s'y être installé, c'était il y a vingt ans. Le mari a découvert un jour que sa femme avait jeté son dernier né au fond du puits. L'enquête a déterminé qu'elle en était à son cinquième déni de grossesse...
- Le déni de grossesse, c'est bien quand la femme ne se rend pas compte qu'elle est enceinte jusqu'au jour de l'accouchement ?
- Oui, Pirouly, c'est ça. Elle peut s'en rendre compte un peu avant,
des fois.
- Et qu'avait-elle fait des quatre autres bébés ? s'enquit Mirliton, décidément d'humeur morbide.
Martinou s'arrêta et montra les alentours. Elle eut peur de comprendre. Son regard erra sur les troncs blancs des peupliers et des bouleaux qui les cernaient. Des roseaux bordaient le chemin et dressaient leurs têtes marron jusqu'au fin fond du bois qui exhalait une brume épaisse et rampante.

La jeune parisienne frissonna et réajusta le col de son ciré.
- C'est ça le chemin de la tourbe ? On y est ?
- Oui, confirma Poucy, et tout ça c'est la tourbière.
Les arbres avaient disparu et, en contrebas du chemin, le marécage s'étendait maintenant, alternant des zones où les roseaux, les joncs, les laîches et les fougères s'épanouissaient, les zones plus rases, formées par des tapis de sphaîgne sauvage ou de canneberge, et les zones purement aquatiques où l'eau apparaissait franchement, souvent bordée d'andromède.
Alors qu'ils s'imaginaient la femme infanticide s'aventurer sur ce terrain marécageux chargée de son funeste paquet, un héron prit son envol de ce lourd mouvement d'ailes caractéristique de ces échassiers.
Mirliton réprima un cri d'effroi.
De petites poules d'eau leur coupèrent le chemin pour se réfugier dans l'eau qui affleurait aux pieds des roseaux.
L'odeur de la tourbière était acide et leur irritait le nez. C'était un mélange d'odeur de terre, d'eau croupie et de feuilles en décomposition. Heureusement, un rayon de soleil passager vint englober le marais et redonna du courage aux M and P's.
- Bon, vous avez raison ! Oublions ces histoires morbides, car ça va me saper le moral, se résigna Mirliton. Il est où votre noyer secret ? On est là pour ça, non ?
A un kilomètre au sud, le terrain redevint sec. Ils trouvèrent effectivement un magnifique noyer un peu en retrait du chemin. Son tronc épais et son maintien majestueux les laissèrent admiratifs. Il leur parut très accueillant avec ses larges branches à moitié dénudées, tel un Gargantua recevant ses amis pour festoyer.
Chacun des M and P's sortit son petit sac en tissu de sa poche et commença à ramasser les nombreuses noix tombées. L'arbre était généreux. Ils firent leur stock en vingt minutes de temps.
Ils se mirent ensuite à la recherche de noisetiers. Ils en trouvèrent qui donnaient de petites noisettes sauvages toutes rondes, puis d'autres qui, au milieu d'un feuillage pourpre, donnaient des noisettes en forme d'obus.
- Hummm, elles sont super bonnes celles-ci. Huileuses et fruitées ! se délecta Pirouly en cassant une de ces noisettes entre ses molaires.
Mirliton, plus soigneuse de sa dentition, ou plus délicate, en cassa une entre deux pierres trouvées au bord du chemin.
Poucy préféra manger des noix.
Emballés par le succès de leur récolte, ils décidèrent de ne pas s'arrêter là. En effet, Pirouly venait de leur signaler un poirier qui ployait sous ses fruits. Mais, pour y accéder, il fallait passer entre des fils barbelés. Le jeune garçon écarta les deux fils du milieu pour livrer le passage à ses amies, puis, se faufila à son tour dans le pré.
La cueillette des poires fut de courte durée.
Ils s'aperçurent que les gardiennes des lieux rappliquaient au trot, toutes cornes en avant. Mesdames les vaches avaient l'air bien décidé à ce qu'on ne touchât pas à leurs friandises préférées.
Les quatre amis ne surent comment ils échappèrent à la plus rapide des vaches normandes, mais ils revinrent le fond de culotte intact.

Le chemin du retour fut plus animé que l'aller. Encore excités de cette course poursuite, les M ans P's se racontaient la scène en boucle. C'était à celui qui avait été le plus héroïque.
Martinou pensait que c'était elle car elle les avait aperçues la première et avait donné l'alerte.
Poucy disait avoir sauvé la mise à Pirouly en lui ordonnant de lâcher les poires qu'il avait voulu ramasser in extremis mais qui ralentissaient sa course.
Pirouly se défendait en répliquant qu'il avait été tout de même le premier au barrage du pré, ce que, lui, trouvait glorieux, puisque cela lui avait permis d'écarter le barbelé pour faciliter la fuite des trois filles et leur permettre de se mettre en sécurité.
Quand ils passèrent devant la maison sur la colline, ils n'y prêtèrent pas attention, riant et chahutant, comparant leurs stocks de noix, de noisettes et de poires.
Mirliton se fit moquer d'elle car, n'ayant plus de place dans son sac, elle avait bourré ses poches de jogging et de ciré, ce qui lui donnait un aspect difforme des plus comiques.
C'est tout juste si Martinou aperçut la rangée de corbeaux qui s'étaient posés silencieusement tout le long de la clôture du jardin ayant appartenu au Colonel. D'autres, perchés sur l'abris et la margelle du puits, devant la maison, bougeaient de droite à gauche leur tête d'oiseau de malheur, comme agacés par ces enfants bruyants qui traversaient leur sanctuaire.
Mais le joyeux raffut de ses camarades et le plaisir de cette  cueillette avaient neutralisé momentanément l'angoisse que cette maison suscitait chez la jeune fille.
La prairie traversée, le sous bois les engloutit à nouveau, et la sinistre colline retrouva son silence pesant que même les noirs volatiles semblaient vouloir respecter.
Au bout de quelques mètres dans le sentier qui les ramenait dans le haut du village, Mirliton s'arrêta un instant et tendit son sac de noix à Pirouly.
- Tiens-moi ça. Je suis désolée, j'ai une envie pressante...
Elle monta le petit talus et disparut précipitamment dans les fourrées pour se faufiler entre les arbres resserrés.
- Qu'est-ce qui te prend ? Ne t'aventure pas trop loin, ce bois est épais ! eut tout juste le temps de lui crier Poucy.
Martinou et Pirouly pouffèrent de rire.
- On lui avait dit de pas manger trop de poires. Certaines sont encore un peu vertes, reprit Poucy à moitié désolée pour leur amie parisienne, mais amusée elle aussi.
Ils l'entendirent leur crier du bois :
- Faites du bruit pour que je vous retrouve. Et ça fera fuir les animaux aussi...
La jeune citadine avançait d'un pas pressant sur un tapis de feuilles mortes. Elle leva les yeux. Les branches des grands arbres qui l'entouraient étaient si enchevêtrées que, même sans leurs feuilles, elle eut du mal à distinguer le ciel. Son ventre ne cessait de faire des gargouillis. Il était urgent de trouver un buisson. Il n'y avait personne dans ce bois mais on ne savait jamais avec les chasseurs ou d’autres promeneurs...
Elle se faufila entre les hêtres, les érables et les charmes. De ci, de là, des cornouillers et des fusains tentaient de se faire une place entre les ronciers et les troncs d'arbres morts.
Mirliton avait beau se raisonner, depuis qu'elle avançait dans ce bois, elle avait l'impression d'être observée.
- Heureusement que je leur avais dit de faire du bruit, ronchonna-t-elle comme pour elle-même.
Effectivement, aucun son ne lui parvenait plus du sentier où elle avait abandonné ses amis. Même les branches qu'elle cassait sur son passage semblaient ne produire aucun bruit. Elle se demanda si elle n'était pas soudain devenue sourde.
Un pigeon s'envola qui la fit sursauter mais, au moins, la rassura sur ses capacités auditives.
Elle aperçut une grosse souche derrière laquelle elle pourrait se dissimuler. En s'y dirigeant, il lui sembla voir bouger quelque chose sur sa droite. Quand elle regarda dans cette direction, elle ne vit rien d'alarmant, si ce n'est la forme inquiétante d'un lierre pendant d'une branche, à quelques mètres de l'endroit où elle se trouvait.
Elle respira avec soulagement l'air pur de la nature environnante. Toucher les troncs moussus et humides était un régal pour cette citadine. Ce bois était vraiment sauvage. Ces histoires que ses amis lui avaient racontées au cours de leurs balades lui revinrent soudain à l'esprit. Du coup, quelque chose dans l'atmosphère environnante la rendit mal à l'aise.

De leur côté, Martinou, Poucy et Pirouly continuaient pourtant de parler activement et l'interpellaient régulièrement.
Mais l'entrée du bois leur renvoyait chaque son comme si elle n'en voulait pas.
- Attention aux sangliers ! cria Pirouly pour mettre la petoche à leur amie.
- Oh, arrête, Pirouly ! tu vas nous porter la poisse ! pesta Martinou.
- Tu connais l'histoire de l'ours qui prend l'écureuil pour du papier toilette ? reprit Pirouly en ignorant à moitié la remarque de Martinou, et histoire de détendre l'atmosphère.
Mais le feuillage immédiat demeurait infranchissable à sa voix. N'obtenant pas de réponse et prenant ça pour un consentement, le garçon raconta l'histoire drôle.
Si Martinou et Poucy furent hilares, du côté du bois, Mirliton ne manifestait toujours pas de réactions.
- Qu'est-ce qu'elle fiche ? s'inquièta Martinou au bout d'un moment.
Les trois amis se regardèrent soudain inquiets.
- Mirliton, ça va ? l'interpela Poucy.
- Tu veux qu'on t'amène un écureuil ? tenta toujours de plaisanter Pirouly.
Toujours pas de réponse.
Le silence, rien que le silence, anormal...
- On va voir, décida Martinou en grimpant le talus menant au bois.
A peine avait-elle prononcé ces mots qu'un cri strident surgit du bois.
Ni une, ni deux secondes suffirent aux trois adolescents pour se lancer à la rescousse de Mirliton, visiblement en danger.
- Mirliton ! Où es-tu ? Mirliton ! Réponds ! appela Poucy en ouvrant le passage à coups de sac de noix.
Pirouly, à côté, traversa un roncier comme un fox terrier lancé aux trousses d'un gros gibier.
Martinou, tout en courant, cria elle aussi :
- Tiens bon ! On arrive !
Vingt mètres plus loin, ils trouvèrent enfin la parisienne en fâcheuse position.
En voulant revenir vers le chemin de façon plus direct, elle avait dû contourner un obstacle, et s'était alors aventurée sur un terrain où le sol s'était dérobé sous ses pieds, lui arrachant le cri qui avait alerté ses amis.
Elle était maintenant les deux jambes enfoncées jusqu'à mi-cuisse dans une sorte de sable mouvant, en réalité un trou d'eau boueuse. Elle n'osait plus bouger car on lui avait toujours dit qu'il ne fallait pas se débattre dans ces cas là.
- Mais qu'est-ce que tu fiches là ?  T'avais besoin d'aller si loin ? la houspilla Martinou.
Mirliton répondit d'une petite voix toute penaude :
- Ben, je me serais méfiée dans la tourbière, mais vous m'aviez pas dit que c'était marécageux aussi par ici...
Poucy et Pirouly s'approchèrent le plus possible et lui tendirent chacun un bâton ramassé au sol. La prisonnière de la boue s'y agrippa et tenta de s'extirper de sa gangue de glaise. À chaque tentative, un bruit de succion se faisait entendre, provoquant un rire nerveux chez ses sauveteurs.
- C'est malin hein ! C'est pas drôle du tout ! protesta Mirliton en tirant les bâtons vers elle comme si elle voulait les entraîner dans son bain de boue pour leur donner une leçon.
Les bâtons finirent d'ailleurs par casser. Martinou vint leur prêter main forte. Elle choisit une autre technique en décrochant une liane d'un tronc d'arbre à proximité. Elle sermonna les deux moqueurs en tentant de les ramener à un peu plus de sérieux et de les mobiliser à nouveau. Elle fit passer la liane dans le dos de la malchanceuse et en fit passer chaque bout sous ses bras. Poucy et Pirouly s'emparèrent de chaque extrémité et durent tirer à eux leur amie.
- Ah ! Ah ! Oh ! Oh ! Eh ! Eh ! Non ! Non ! Oh, non ! se mit à crier Mirliton comme si quelque chose lui grignotait les doigts de pieds.
Ils paniquèrent tous les trois. En demandant de qui se passait, ils tirèrent de toutes leurs forces, Martinou se joignant aux efforts de Poucy.
Ils sentirent le corps de leur amie venir à eux et roulèrent tous sur le tapis de feuilles en tombant les uns sur les autres.
- Mais qu'est-ce qui t'a pris de brailler comme ça ? demanda vivement Poucy en écartant le bras de Pirouly qui lui barrait le visage.
Martinou se redressa et tira Mirliton encore un peu plus au sec. Gisant à plat ventre au milieu d'eux, des noix et des poires s'échappant de ses poches pleines, la jeune excentrique eut peine à retrouver ses esprits.
- T'as chopé des sangsues ou quoi ? interrogea Pirouly à son tour en secouant son blouson plein de feuilles mortes.
C'est quand ils furent tous debout que leur amie citadine roula enfin sur le dos, le visage tout empourpré. Ils comprirent enfin ce qui avait fait hurler leur amie. Elle était sortie de cette situation sans ses bottes fashions. Elle remua les orteils en affichant un air désolé. Ses chaussettes étaient vertes de boue.
Ses amis ne purent s'empêcher de rire.
- C'est pas drôle ! Ces bottes m'ont coûté un œil ! Et puis, je peux pas remonter comme ça au village... On a encore trois kilomètres à faire. J'y tiens à ces bottes !

Elle jeta un œil larmoyant aux deux empreintes laissées dans le trou de boue et qui tendaient à se refermer doucement.
- Pirouly, met vite un bout de bois pour qu'on repère l'emplacement. Il faut trouver quelque chose pour les sortir de là.
- On peut peut-être essayer avec ce bout de bois ?
- Non, on risque de les enfoncer davantage, s'opposa Martinou.
Déçu, il cassa en deux morceaux d'égale longueur, sur son genoux plié, le bout de bois. Il s'en servit pour marquer les deux endroits.
- Il faudrait une pelle, pleurnicha Mirliton.
Les trois filles regardèrent Pirouly...
- Ah, non ! Je ne retourne pas chez moi pour une pelle. Ça fait une trotte... Et puis vous allez m'attendre ici toutes seules ?
Chacun réfléchit.
- On pourrait aller voir du côté de la maison sur la colline... Dans les maisons abandonnées, y'a souvent de vieux outils restés dans les bâtiments. On trouvera peut-être une pelle... suggéra Poucy.
Un silence accueillit sa proposition. Les candidats à l'exploration ne se bousculaient pas.
Martinou, habituellement toujours partante, chercha sa tresse disparue, signe d'une très grande activité cérébrale chez elle. Il lui fallait trouver une autre solution.
Pirouly la regarda du coin de l'œil avec une pointe de déception mais aussi un soupçon de revanche. Aussi proposa-t-il avec une grande fierté :
- Moi ! Je veux bien y aller !
Martinou n'osa le regarder. Elle qui le charriait toujours sur sa couardise, s'en laissait imposer aujourd'hui.
Pirouly l'avait fait en partie pour ça. Aussi se rengorgea-t-il, assez content de son effet. Il estimait aussi qu'en tant que garçon de l'équipe, c'était désormais une obligation, un devoir pour lui.
- Bon ! Eh bien, ça se joue entre toi et moi ma Martinou... On tire à la courte paille ? soupira Poucy.
Mirliton ramassa deux petites branches de tailles différentes et les cala dans sa main de façon à mettre la partie visible à même hauteur. Puis, elle les présenta à Martinou. Celle-ci cligna des yeux, puis regroupa tout ce qui lui restait de courage pour choisir l'un des bouts de bois.
Poucy prit le morceau restant.
Quand elle compara son bout de bois avec celui de Martinou, elle soupira de soulagement.
- Allez, Martinou, c'est pas grave ! fit Pirouly, voyant la déception entamer le visage de son aînée. On a toujours fait bonne équipe, toi et moi ?
Mais les tentatives que faisait son ami d'enfance pour la rassurer n'eurent pas de prise sur l'angoisse qu'elle ressentait dès qu'il s'agissait de la maison du Colonel.
- Prends ça comme une thérapie, l'encouragea Poucy.
Puis voyant que cette remarque allait être mal prise, elle s'empressa d'ajouter :
- Vous avez une demi-heure avant que la nuit tombe. Faites vite !
Elle s'assit sur le talus avec Mirliton et les regarda s'éloigner.
- J'aimerais pas être à leur place... Cette maison me fiche les chocottes!
- Moi j'y serais bien allée, confia Mirliton d'un air faussement détaché.
- T'aurais dû proposer à Martinou de lui emprunter ses chaussures. Je suis sûre que ça l'aurait soulagée...
Mirliton fronça le nez et se demanda si, finalement, il ne valait pas mieux avoir les pieds trempés et attendre sagement là où elles étaient.



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