samedi 7 février 2015

Vent de panique !



Alangui dans une douce torpeur, recroquevillé dans un plaid couleur écureuil devant un feu de bois crépitant, je comptais mes noisettes (j'ai dit compter, pas autre chose...) somnolant et frémissant de mes moustaches blanchissantes quand clairons et hautbois résonnèrent musettes, soufflant un vent de panique dans ma cabane, à défaut d'un vent de printemps.

Le premier, le clairon, se matérialisa sous la forme du vaillant monsieur M. aux allures de Sergent Garcia et à la voix de stentor. Sa présence est aussi présente que son absence est très absente.
Chef de mes travaux depuis dix ans,  je n'ai jamais vu entrepreneur en faire autant à sa tête.
"Mr Rainot, Les travaux c'est pour bientôt. Je vous fais ça entre novembre et janvier !"
Le problème est que novembre et janvier, on n'en connaît pas l'année. Il n'est pas très mail et il n'est pas très téléphone, alors, quand vous le relancez, il faut laisser de nombreux petits cailloux pour qu'il vous retrouve. Et alors quand il vous retrouve, c'est généralement aussi terrifiant et surprenant que quand l'ogre retrouve le petit Poucet. Mr M. préfère se déplacer.
Il a le chic pour apparaître au moment le plus inopportun, soit alors que vous plongez un doigt de pied impatient dans un bain moussant, ou alors que vous êtes occupés à passer l'aspirateur en vous trémoussant sur "sex machine ".




Et là, il vous lance un "Y'a quelqu'un ? " en défonçant toutes les portes qui se trouvent entre lui et vous, qui fait que vous n'avez plus qu'à sauter du bain direct dans un pantalon si vous ne voulez pas qu'il vous surprenne entre votre petit canard jaune et le chemin de bougie que vous n'aviez pas préparé pour lui initialement...
Quant à l'aspirateur, vous n'avez plus qu'à sauter dessus et garder un air digne et détaché pour lui dire : "Ah, bonjour, je ne vous avais pas entendu !", le cœur battant aussi vite que le moteur de votre Hoover 3300.
C'est généralement le moment que le vicieux attend pour vous parler d'un truc qu'il a du faire différemment de ce que vous lui aviez dit, "Ah, et au fait, je le rajouterai sur la facture car ça a pris plus de temps que prévu." Je sens à son regard qu'il n'accepterait pas qu'en plus de faire le ménage sur du disco, je sois radin,mauvais coucheur et mauvais danseur !! Alors je ne dis rien, drapé dans mon humiliation comme la statue de la liberté dont on aurait soulevé la toge.



C'est à ce moment aussi qu'il me donne ses dates d'intervention.
"C'est pour quand ? "
"Mes gars arrivent dans une heure ou deux."
Silence.
"Bon, ben je vais peut être arrêter de faire le ménage alors..."
Ça c'est mon côté positif et résigné.
Et votre RTT, commencé dans un silence ressourçant, se transforme en un concert des tambours du Bronx puissance dix.
C'est que j'ai un livre à boucler moi.
Mais essayez de vous concentrer et de vous mettre dans la peau d'une fillette de douze ans quand vous avez cinq bons hommes aux allures de marin qui crachent et qui beuglent en traversant votre salon, manquant de vous assommer à chacun de leur passage de leur masse négligemment posée sur une épaule du triple de la mienne ...
Mission impossible.
Je réalise seulement maintenant le calvaire de cette pauvre Blanche Neige qui en avait sept à résidence !!
Les maçons sont enfin partis.
Vite de La Callas !!! Céleste coton tige.
Tout est fini....
Enfin tout commence pour moi car la peinture et la pose d'un escalier tournant restent à faire. Ben oui Mr M. et ses tambours du Bronx ne font pas ces finitions car, justement, c'est trop fin.


C'est là que le hautbois arrive et là, ce hautbois là est toujours bienvenu à mes oreilles parce qu'il est toujours porteur de bonnes nouvelles. Mon collègue de plume Yanic m'annonce un salon du livre à Chaumont en Vexin le 31 mai. Alerte à Malibu (enfin pour le coup, c'était plutôt au whisky), faut absolument que "le clown ne rit plus" soit fini d'écrire, relu, corrigé, mis en page et enregistré sur mon site d'auto édition avec commande des exemplaires, en sachant qu'un stock est livré en 15 jours, trois semaines maximum !
J'ai toujours été meilleur en littérature qu'en mathématique mais je sais retrancher trois semaines à une date, et 31 mai moins trois semaines, ça nous amène au 10 mai pour que tout soit prêt, manuscrit et couverture. 
Vent de panique. Il faut que je termine. Arghhh !!! 3 mois, tic-tac, tic-tac. Ce pirate de Yanic aurait-il, comme son collègue Crochet, un crocodile mangeur de pendules dans ses parages ?



Alors, de bonne volonté, et en courant un peu dans tous les sens,  je me suis essayé à taper d'une main sur mon iPad tout en peignant au rouleau de l'autre main et en posant mon parquet dans les combles avec les doigts de pieds, mais c'est pas concluant. Même mon nez ne répond pas bien aux actions que je voudrais lui faire faire (il m'a semblé que Samantha Stevens y arrivait pourtant plutôt bien).
Mais travailler dans l'urgence m'a toujours réussi. Voilà ti pas qu'en une journée, j'ai noirci vingt quatre pages manuscrites (habituellement, j'écris une douzaine de pages par jour, au-delà l'inspiration et la qualité sont plus difficiles à obtenir). Me reste le prologue à rédiger.
Il est vrai que je n'ai pas d'obligation de présenter absolument "le clown ne rit plus" aux côtés du "tombeau des moines" à ce salon. Un livre suffirait. 
Mais j'ai hâte de vous le présenter et ce salon est l'occasion de fêter joliment sa sortie.


Les jacinthes sont sorties les premières. Je sais que les travaux du jardin ne vont pas tarder à entrer dans mon planning.
Ça ce sont les musettes qui résonnent.
Plantation de printemps, énergie en avant !! Second bassin à creuser et roseraie à dresser.
Alors arriverai-je à mener toutes ces tâches à bien ? Suspens. Je vais sûrement être aidé par mon nain de jardin (important: toujours avoir un nain de jardin dans ces cas là ;-)
J'espère que vous comprendrez que je sois moins présent sur le blog et sur la page facebook dans les semaines à venir.


Je vous donne donc rendez-vous dans trois mois pour la sortie du clown. La couverture vous sera présentée avant ça j'espère.
Rouleau, stylo, bêche, c'est partiiiiiiiiii !!! Chassons l'écureuil qui est en moi.