![]() |
Enid Blyton dans les années 50 |
En mettant en scène un groupe d'enfants qui s'affranchissent de l'aide des adultes pour résoudre un bon nombre d'énigmes policières (les adultes sont quasiment absents des histoires), Enid Blyton consacre l'émergence d'une nouvelle génération plus émancipée, plus débrouillarde et indépendante et séduit du même coup cette même génération.
Les éditions Hachette profitent aussi de l'essor des héros télévisuels pour miser sur la novélisation de leurs aventures. Bien leur en prend puisque cette collection rencontre un véritable succès parmi lesquels Poly le petit poney, Belle et Sébastien et Nounours pour les années 60, puis Candy, Goldorak ou Casimir pour les années 70. Et on y retrouve même des héros Disney.
C'est l'âge d'or de la bibliothèque rose.
Dans le sillon d'Enid Blyton on trouve des auteurs français qui, sans la concurrencer, vont tirer une part belle, comme Georges Chaulet avec Fantomette ou Olivier Séchan (père du chanteur Renaud) pour différentes histoires. Les auteurs français seront plus nombreux pour la bibliothèque verte (voir prochain article). En revanche les illustrations sont confiées à des français talentueux comme Jeanne Hives ou Jean Sidobre dont vous avez forcément apprécié les couvertures et autres dessins.
Les jeunes ne lisent plus. Il y a bien une innovation qui distrait un temps les adolescents des eighties mais cela profite surtout à une autre maison d'édition. Il s'agit de la collection "Un livre dont vous êtes le héros" une histoire qui selon un jeté de dé plus ou moins heureux, vous envoie vers le Saint Graal ou vers une mort atroce entre les griffes d'un monstre d'Héroïc Fantasy au bout de dix pages lues. De quoi décourager les lecteurs en herbe et leur faire prendre en grippe la littérature.
![]() |
Le phénomène Harry Potter |

Pour la dame Rose, c'est l'occasion d'un petit coup de rafraîchissement.
Adieu la couverture rigide et le livre épais, bonjour la couverture souple, le livre maigrelet et le texte court.
Adieu les illustrations poétiques pleine page ultra colorées, bonjour les illustrations minimalistes et un brin branchouille (mochouille diront d'autres pour faire la rime) réduites au rôle d'icône informatique.
Adieu les héros de papa et maman, bonjour les héros des années 2000...
Eh bien non, justement, tout le génie du service marketing de la bibliothèque rose c'est de ne pas renier le passé et de réunir toutes les générations de lecteurs à travers une classification judicieuse qui réconcilie tout le monde :


- ma première bibliothèque rose pour les 6-8 ans
- la bibliothèque rose pour les 8-10 ans
- la bibliothèque rose plus pour les 10-12 ans
Ces trois dernières sections sont des adaptations de programmes télévisés.
On peut regretter qu'il y ait si peu de place pour de nouveaux auteurs, une plus grande place pour la découverte de nouveaux héros 100% bibliothèque rose.
L'essentiel est que l'offre soit toujours là et plus que jamais, car le secteur de la littérature jeunesse et de la BD ne s'est jamais si bien porté que depuis dix ans.
La porte des rêves est plus que jamais grande ouverte et quand vous y passez la tête, méfiez-vous, le reste suit.
J'espère que vous ne verrez plus du même œil les fameux Relay qu'on trouve toujours dans les gares.
Lorsque vous y passerez la prochaine fois, ayez une petite pensée pour ce cher Louis Hachette décédé en 1864 et songez qu'en voulant rendre nos voyages plus agréables c'est le grand voyage de la vie qu'il a agrémenté grâce à toutes ces histoires qu'il a su mettre entre toutes les mains.
En démocratisant la littérature enfantine il a donné accès au rêve et à l'ambition à ceux qui en avaient le plus besoin.
Et vous ? Quel est votre bibliothèque rose fétiche ? Dites le moi et je ferais un article sur votre histoire préférée.