dimanche 7 juillet 2013

Partie 8 : La découverte des affres de l'écriture



LA DECOUVERTE DES AFFRES DE L'ECRITURE

Quand je me suis mis à écrire ces petites histoires, Martinou et Pirouly  formaient un duo. J'ai ajouté les personnages de Poucy et Mirliton quand j'ai su me débrouiller avec deux personnages à peu près correctement (c'est comme quand vous jonglez, vous commencez prudemment par deux balles avant d'en inclure une troisième, puis une quatrième...).
En quittant le format texte/ poésie, je passai à quelque chose de beaucoup plus ambitieux, mais tellement plus excitant et amusant. Je découvris au fur et à mesure des lignes et des pages noircies, la réelle difficulté d'écrire...que dis-je, non... écrire c'est simple (il faut juste un stylo)...ce qui est compliqué, c'est de narrer, de construire et de faire évoluer une histoire avec cohérence. C’est un travail de longue haleine.
Quand on manque de technique, on se lance au jugé, on improvise, on rafistole. Cela donne une suite de scénettes sans trop de rapport entre elles et une intrigue un peu tarabiscotée...et beaucoup d'incohérences (mon angoisse). 

 
Je découvris aussi que cela demandait plus de disponibilité, plus de temps, plus de concentration. Quand vous êtes dans une histoire, vous ne supportez pas d'être dérangé, ne serait-ce que par un désinvolte "On mange ! A taaable !!" qui vous fait atterrir de force dans le monde réel et vous fait perdre le fil de ce que vous racontiez. Et pour vous remettre au boulot là où vous vous étiez arrêté, ce n’est pas facile ! Il faut se remettre dans "l'ambiance" et ce n'est pas instantané (en tous cas, pas pour moi !).Quand les muses sont là, il faut les honorer !!

Donc, pas question de se mettre à écrire sur un bout de table pour une demie -heure après le boulot entre la soupe et le journal du soir, ou juste avant de dormir (à moins d'être constitué pour des nuits blanches, ce que je ne suis pas...toutefois il m'arrive aujourd'hui de noter sur un calepin,  en pleine nuit, des idées qui me sont venues à la faveur d'une petite insomnie, de peur qu'elles ne s'envolent d'ici le lendemain matin). Pour cette raison, je me consacrai à mon hobby essentiellement au cours des vacances et quelques week-ends où, là, je disposai de temps.
Sans compter que je continuai à lire beaucoup à côté, afin d'enrichir encore mon vocabulaire, vocabulaire que je découvris très limité malgré toutes ces années de lecture. Je le découvris à la difficulté que j'eus de trouver les mots, (et des mots variés) pour décrire des choses, des gens, des situations. Rien que la description physique d'un personnage: quel challenge (je ne suis pas certain d'y arriver encore aujourd'hui, mais je travaille sur les physionomies). Je me suis rendu à l'évidence, il fallait se documenter pour s'approprier un champ sémantique.

Je voulais parler d'un évadé ? Il fallait me documenter sur les grandes cavales, sur le système de recherche policier, l'aspect juridique d'un méfait. Ouh, la, la, c'est compliqué ! Mais important pour l’enrichissement de la narration et sa logique ou son réalisme.
Au milieu des années 90, il faut encore aller à la bibliothèque pour consulter des journaux, des livres en rapport avec le thème de vos recherches. Comme je faisais cela en dilettante, j'ai trouvé à l'époque la démarche trop fastidieuse, trop chronophage.
Du coup ma production s'est largement ralentie. De 1994 à 1999, j'ai dû  écrire quatre nouvelles dont "Martinou et Pirouly: La maison sur la colline", "Martinou et Pirouly: L'affaire du petit vélo rouge", "Martinou et Pirouly: la malédiction des sept moines" (qui deviendra, une fois remaniée, "Le tombeau des moines").
Au cours de ces années, ma bibliothèque idéale s'est agrandie grâce au marché aux livres de Porte de Vanves près du parc Georges Brassens. à Paris Combien de classique de la littérature ai-je ramené de ce marché, souvent le dimanche matin. Je me revois, de retour chez moi, étaler mon butin avec jubilation sur le lit, et feuilleter chaque livre acquis, le renifler, le classer avec les autres par ordre alphabétique, en imaginant avec délectation toutes les heures de bonheur qu'ils allaient me procurer.

 C'est à cette époque que je comble mes lacunes en histoire (la matière ne m'a jamais attiré au collège et au lycée, suite de chiffres et d'événements sans liens entre eux, racontés sans passion par les professeurs successifs) en découvrant le roman historique.
Je lus d'abord "les Rois Maudits" de Druon (idéal pour l'histoire de la première moitié du XIVème siècle, puis, on me conseilla "Fortune de France" la saga de Robert merle qui couvre l'histoire de France de Henri III (1547) à Louis XIII (1661). L'un et l'autre ont pour particularité de raconter des faits historiques très documentés à travers un personnage réel ou de fiction dont les aventures nous tiennent en haleine, le tout dans un vocabulaire d'époque très fleuri. Quel plaisir d'apprendre nos rois de France dans ces conditions.
Et ce fut la découverte pour moi d'Alexandre Dumas. Ma dernière passion (eh oui, vu l'importance de l'œuvre de ce gargantuesque écrivain, je n’ai, à ce jour, pas encore tout lu de lui, mais je compte bien y arriver) m'a apporté tant de plaisir et de connaissance que je lui voue un culte indéfectible et une reconnaissance immense. Contrairement à certains, je n'ai pas découvert Dumas avec "Les trois mousquetaires" ou "Le comte de Monte-Cristo". Le premier livre que j'ai lu de lui, était "Joseph Balsamo", que suivent "Le collier de la Reine" et  "Ange Pitou", triptyque qui vous fait découvrir la fin du règne de Louis XV jusqu'à l'exécution de son successeur. On y assiste aux prémices de la révolution, on monte sur l’échafaud avec Louis XVI et Marie –Antoinette ; c’est comme si on y était.
Lui-même fervent admirateur de Michelet, historien de la révolution, il ne cesse de se documenter dans les écrits de celui-ci. Passionnant, ce qu'il en fait ! Je vous recommande ce triptyque. Avec Dumas vous pouvez d'ailleurs visiter toutes les périodes de l'histoire de France, c'est ça qui est bien. 



 
Mais revenons à mes humbles préoccupations d'écrivain en herbe.
En 2000, je fais lire à mon ami Thierry D. les histoires déjà écrites de Martinou et Pirouly. Sous son œil critique et bienveillant, je suis encouragé à mettre au propre mes histoires, voir à les étoffer.
Plongé en pleine fièvre de romans historiques, je m'intéresse particulièrement à l’une d’elles, "La malédiction des sept moines" et, peu à peu, de nouvelles idées me viennent. Je pars d’une anecdote que mon père, ancien maçon, nous a souvent racontée. A l’occasion d’un de ses nombreux chantiers, il avait mis à jour des cercueils au fond du jardin d’un ancien  monastère. Très vite, je m’éloigne de la nouvelle initialement écrite et décide de procéder différemment. Par exemple, je m’attèle à un plan ainsi qu'à des fiches descriptives des personnages afin de bien savoir où je vais.
Sage précaution. Les choses vont déjà beaucoup mieux. Autre nouveauté pour moi : j'acquiers un ordinateur et un accès à internet, certes au flux sporadique, mais accès internet tout de même. Mes recherches sur les sujets qui m'aideront à aborder ma narration purent enfin se faire plus sereinement, de chez moi, sans mobilisation excessive de mon temps. 


Ainsi je rédigeai l'essentiel de "Martinou et Pirouly: le tombeau des moines" entre 2000 et 2006, que ce soit assis confortablement au fond de mon canapé de la rue Pierre Curie à Ivry, ou sur une plage entre Saint Jean de Luz et Biarritz, ou encore dans une chaise longue dans le jardin de mes parents en Picardie, et enfin dans ma nouvelle maison, acquise en 2005. Chaque vacances, je m'efforçai de faire progresser mes héros de papier dans l’intrigue imaginée.  
Une maison c'est beaucoup d'entretien. En  2006, je laissai mes héros en fâcheuse posture alors qu'il ne me restait plus que le chapitre de conclusion à rédiger et que je n'avais jamais été aussi près de la fin. Ces dernières années, chaque été, je me suis dit qu'il fallait que je termine, mais les années ont passé et je n’ai pas trouvé le moyen de m'y remettre. Peur de finir l'histoire aussi, peut-être...
Puis...


2 commentaires:

  1. Un petit mot pour dire que ton blog est remarquablement bien écrit. Tu sais raconter ta propre histoire, assez touchante je trouve, et narrée avec un recul salutaire et pas mal d'humour sur toi-même et les évènements. C'est un plaisir de lire tes articles. Il faut continuer !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Tidef pour tes encouragements et ton soutien indéfectible qui me vont droit au cœur . Fidèle lecteur de mes articles tu as compris l'importance de çe projet pour moi. Je compte bien continuer à informer les premiers fans de Martinou et Pirouly régulièrement , ayant eu beaucoup de plaisir à ces premiers échanges. L'écriture du second tome m'attend déjà mais le blog restera ouvert pour recueillir les témoignages qui seront de plus en plus nombreux j'en suis certain.

      Supprimer