L'illustration
est un art à part entière. Nous avons tous eu l'occasion de lire des
livres illustrés et on peut dire que certains illustrateurs nous ont
marqués plus que d'autres.
Certains, accompagnant des classiques de la littérature, font aujourd'hui partie de l'imaginaire collectif.
Aussi
je voulais commencer par le plus grand d'entre eux qui, par son
travail, a popularisé le métier et a même préfiguré le genre bande
dessinée qualifié aujourd'hui de 9ème art.
Gustave Doré 1856 |
Si
Gustave Doré fait l'objet d'une exposition au musée d'Orsay depuis
février (dépêchez-vous ça ferme le 11 mai) c'est parce qu'il le vaut
bien (et le succès de l'expo le prouve).
Né
en 1832 à Strasbourg il illustre dès l'âge de 12 ans "les travaux
d'Hercule" qui annonce déjà une pré-disposition pour les fresques
antiques et grandioses.
Le
même imprimeur qui lui avait fait confiance sur ce premier sujet, le
parraine 3 ans plus tard pour monter à la capitale. Il lui permet de
s'inscrire dans un lycée réputé.
Autodidacte et plutôt exubérant, cela
lui offre un cadre propice pour développer et maîtriser son talent, et
surtout pour en vivre.
Il
devient un caricaturiste réputé et redouté pour un journal satyrique
qui s'accorde bien de son tempérament frondeur et cynique.
C'est en 1854 qu'il se voit confier l'illustration de Rabelais ce qui va finir de le positionner comme illustrateur réputé.
Il
illustre dans la foulée la Bible et la divine comédie de Dante
(1861-1868) dans un grand écart qui prouve qu'il sait s'emparer des
grands sujets et de tous les grands sujets.
Son
travail s'exporte bientôt dans toute l'Europe et jusqu'en Russie. Mais
c'est à Londres que sa popularité est la plus grande. Il ouvre là-bas
une galerie.
Son talent éclectique se manifeste dans des disciplines différentes.
Ainsi
on dénombre à ce jour pas moins de 10 000 illustrations différentes
dont certaines ont servi les plus grands auteurs, mais on lui doit aussi
des titres de musique, des affiches, des lithographies, des lavis, des
aquarelles, des peintures et de magnifiques sculptures.
Le bronze qui siège avec toute la pétulance et la désinvolture de D'Artagnan place du Général Catroux à Paris est une oeuvre de Doré ! |
Toutes
ses œuvres ont pour point commun une certaine virtuosité, un lyrisme
emporté, une flamboyante imagination dont son arrière petit neveu, le
chanteur Julien Doré, n'a pas à rougir.
Il meurt d'une crise cardiaque en 1883 laissant à tous ceux qu'il a inspiré le soin de prendre la relève.
Pour
ma part j'ai découvert son travail à travers les contes de Perrault et
garde encore à ce jour la terreur de cet effroyable ogre qui menace ces
pauvres petits enfants innocemment endormis.
Le petit Poucet et ses frères et soeurs, tout l'art terrifiant de Gustave Doré |
Je l'ai beaucoup apprécié aussi pour l'illustration des "travailleurs de la mer" de Victor Hugo où son trait emporté et suggestif exprimait bien l'ambiance du monde marin, les dangers cachés de la mer sous sa beauté infinie.
Mais
aussi sa merveilleuse interprétation des aventures de Sinbad le marin
qui a beaucoup inspiré Richard Wallace pour certaines scènes du film
réalisé en 1947, avec Douglas Fairbanks JR dans le rôle de Sinbad.
Le
tout au crayon. Pas une seule couleur. Un travail d'impressionniste
sans sa palette. Rien que la luminosité du trait. Chapeau bas !!
Et si vous passez à Bourg en Bresse, le musée de brou expose pas mal de ses œuvres ainsi que le musée d'art de Clermont Ferrand où vous pourrez admirer cette splendide peinture de lui : "les saltimbanques".
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